
Le paludisme : un fléau persistant en Afrique
Le paludisme reste l’une des maladies les plus meurtrières au monde, frappant particulièrement l’Afrique subsaharienne. Chaque année, environ 435 000 décès lui sont imputables, dont 61 % concernent des enfants de moins de cinq ans. Malgré les progrès accomplis depuis 2010 (baisse de 30 % de la mortalité), près d’un million de personnes succombent encore à cette maladie, dont 800 000 enfants africains. Ces chiffres alarmants soulignent l’urgence de repenser les stratégies thérapeutiques actuelles, souvent limitées par l’émergence de résistances aux médicaments.
C’est dans ce contexte que le Pr Bruno ETO, Professeur en sciences du médicament, propose une approche innovante : la Biopaludrine, un biophytomédicament fondé sur le principe de la polyphytothérapie alternative et combinatoire (PPTAC). Cette solution rompt avec les concepts thérapeutiques usuels et pourrait marquer un tournant décisif dans la lutte contre le paludisme.

Historique de la lutte antipaludique : des succès… et des échecs
La découverte, à la fin du XIXᵉ siècle, par Ronald Ross, du rôle de l’anophèle dans la transmission du paludisme, a ouvert la voie à des campagnes d’éradication. En 1955, l’OMS lance une vaste offensive basée sur le DDT, un insecticide qui permit d’éliminer la maladie en Europe et en Russie. Pourtant, en Afrique, cette stratégie n’a pas atteint son objectif, malgré une réautorisation du DDT en 2006.
L’arrivée de l’artémisinine en 1972, isolée à partir de l’Artemisia annua (une plante utilisée en médecine traditionnelle chinoise), a redonné espoir. Face à l’échec des monothérapies, l’OMS recommande en 2006 les thérapies combinées à base d’artémisinine (ACT). Si celles-ci ont permis de réduire de moitié la mortalité, les premières résistances sont apparues dès 2008 en Asie du Sud-Est, annonçant une menace pour l’Afrique, où 92 % des cas mondiaux sont recensés.
La Biopaludrine : une rupture scientifique et thérapeutique
Face à ces défis, le Pr Bruno ETO et son équipe ont développé en 2020 un nouveau concept : la PPTAC, combinant plusieurs extraits de plantes aux propriétés antipaludiques complémentaires. La Biopaludrine s’appuie notamment sur deux plantes clés :
- Artemisia annua/afra – Connue pour son action schizonticide (élimination des parasites sanguins).
- Zanthoxylum heitzii – Une plante africaine aux effets immunostimulants et gamétocytocides (destruction des formes sexuées du parasite).
Les mécanismes d’action innovants

Contrairement aux ACT classiques, la Biopaludrine agit sur plusieurs fronts :
- Stimulation de l’immunité : Les extraits aqueux de ces plantes activent la production de lymphocytes CD4, essentiels pour coordonner la réponse immunitaire. Ces cellules boostent également la production d’anticorps (IgE) et l’activité des polynucléaires, capables de phagocyter les parasites.
- Action gamétocytocide : En ciblant les gamétocytes (formes responsables de la transmission par les moustiques), la Biopaludrine réduit la propagation de la maladie.
- Prévention des résistances : La combinaison de plusieurs principes actifs diminue le risque d’adaptation du Plasmodium falciparum.
Pourquoi cette approche change la donne ?
- Une solution durable : En évitant les résistances, la PPTAC offre une alternative pérenne aux ACT, dont l’efficacité diminue.
- Accessibilité : Basée sur des plantes locales, la Biopaludrine pourrait être produite à moindre coût en Afrique.
- Approche holistique : Contrairement aux médicaments classiques, elle renforce l’immunité globale des patients, réduisant les risques de réinfection.
Un espoir pour l’éradication en Afrique ?
Si les ACT ont sauvé des millions de vies, leur efficacité déclinante impose de nouvelles solutions. La Biopaludrine, en combinant science moderne et savoirs traditionnels, incarne une rupture majeure.
Toutefois, son succès dépendra :
- D’études cliniques approfondies pour confirmer son efficacité à grande échelle.
- D’une production industrielle accessible.
- D’une adoption par les programmes de santé publique africains.
Vers un changement de paradigme ?
Le paludisme ne sera vaincu que par l’innovation. La Biopaludrine du Pr Bruno ETO propose une voie africaine, alliant phytothérapie et immunologie, pour en finir avec ce fléau.
« L’éradication du paludisme passera par des solutions combinatoires, intégrant à la fois la lutte contre le parasite et le renforcement de l’immunité des populations. » — Pr Bruno ETO
Emmanuel Ekouli