Yaoundé, capitale politique, s’est réveillée sous le choc : machettes en main, des jeunes délinquants connus sous le sobriquet évocateur de « microbes » ont déferlé dans plusieurs quartiers, terrorisant les passants, pillant les commerces, laissant derrière eux cris, sang et stupeur. La ville aux sept collines, censée incarner l’ordre et la sécurité, a vacillé.

Ce que Douala connaît depuis des années; une criminalité juvénile violente, organisée, impitoyable, est désormais en train de s’exporter dans le centre névralgique du pouvoir. À croire que l’insécurité aussi réclame son visa pour la capitale.

Les microbes… un phénomène qui prend de l’ampleur dans nos villes

Les forces de l’ordre ? Présentes, mais en différé. Comme souvent, elles arrivent quand les machettes sont déjà rangées et que les malfrats ont disparu dans les ruelles. Parfois, elles parviennent à mettre la main sur quelques-uns, histoire de justifier les communiqués. Mais que pèse une interpellation médiatisée face à un phénomène devenu structurel ?Car oui, les microbes ne sont pas une anomalie : ils sont un symptôme. Celui d’une République qui fabrique ses monstres à la chaîne. Écoles sinistrées, familles éclatées, chômage endémique, quartiers oubliés… Voilà l’usine à microbes. Ces jeunes ne sont pas tombés du ciel. Ils sont nés de nos faiblesses collectives, de notre hypocrisie politique, de notre indifférence chronique.

Et que fait-on ? Des conférences. Des descentes musclées devant les caméras. Quelques arrestations à grand renfort de gilets pare-balles. Puis, le silence. Jusqu’à la prochaine vague.Mais ce qu’il faut craindre, ce n’est pas seulement leur machette. C’est leur nombre grandissant. Leur sentiment d’impunité. Leur rage d’exister dans un pays qui ne leur offre rien d’autre que la rue comme avenir.Il ne suffit plus de les poursuivre.

Il faut aller à la racine. Désarmer la colère. Réinsérer. Investir là où l’État est absent. Repenser la sécurité comme un projet social, pas seulement comme un réflexe armé.Yaoundé vient de tousser.

Espérons que ce ne soit pas le premier spasme d’une République en fièvre.

Charles Chacot Chimé

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