La Fédération camerounaise et mondiale de cyclisme jettent l’éponge face à l’état déplorable des chaussées, transférant directement la suite à Limbé. Un camouflet pour un pays dirigé depuis 43 ans par Paul Biya, candidat déclaré du RDPC pour octobre 2025.

C’est une décision qui en dit long sur l’état de déliquescence des infrastructures camerounaises. Le critérium cycliste de 106 km prévu ce jour à Douala a été purement et simplement annulé par la Fédération camerounaise de cyclisme (FECACYCLISME), avec le soutien de l’Union Cycliste Internationale (UCI), en raison de l’état catastrophique des routes de la capitale économique. Une annonce qui tombe comme un couperet, à quelques mois seulement de l’élection présidentielle d’octobre prochain, où Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, briguera un nouveau mandat sous la bannière du RDPC. 

Des routes impraticables : le symbole d’un pays à l’arrêt

Les organisateurs n’ont pas mâché leurs mots : “Les conditions de sécurité ne sont pas réunies pour que la course se déroule dans de bonnes conditions”, a déclaré un responsable de la FECACYCLISME. Les images des chaussées défoncées, parsemées de nids-de-poule géants et de plaques d’asphalte disjointes, ont fait le tour des réseaux sociaux, suscitant colère et moqueries. 

Pour les habitants de Douala, cette situation n’a rien de surprenant. “C’est le quotidien depuis des années. Les routes se dégradent, les promesses de réhabilitation ne sont jamais tenues, et aujourd’hui, même une compétition internationale ne peut plus avoir lieu ici”, témoigne un automobiliste excédé. 

Une humiliation internationale en pleine année électorale

L’annulation de l’étape doualaise est un camouflet pour le gouvernement camerounais, qui a préféré transférer l’épreuve à Limbé, ville connue pour ses infrastructures mieux entretenues. Un aveu d’échec cinglant à quelques mois d’un scrutin présidentiel où Paul Biya, 91 ans, candidat pour un huitième mandat, vante pourtant “les grandes réalisations de son régime”

Les opposants politiques et la société civile ne manquent pas de relever le paradoxe. “Comment un pays qui prétend être émergent ne peut même pas accueillir une course cycliste à cause de ses routes ? C’est la triste réalité de 43 ans de pouvoir sans vision”, lance un militant de l’opposition. 

Le cyclisme, victime collatérale de la gabegie 

Le cyclisme camerounais, déjà en difficulté faute de moyens, paie le prix de cette incurie. Les athlètes locaux, privés d’une vitrine importante, dénoncent le manque d’investissement dans les infrastructures sportives. *“On nous promet toujours des améliorations, mais rien ne change. Aujourd’hui, c’est une course internationale qui est annulée, demain, ce sera toute une génération de sportifs qui sera sacrifiée”*, regrette un cycliste camerounais.

L’état des routes du Cameroun illustre très bien l’échec des 43 ans de pouvoir de Biya

Limbé, seule échappatoire… pour combien de temps ?

Si Limbé sauve pour l’instant la mise, la question se pose : jusqu’à quand le Cameroun pourra-t-il cacher son manque d’entretien des infrastructures ? Alors que Yaoundé et Douala, les deux plus grandes villes, sont en pleine décrépitude, les bailleurs de fonds internationaux s’impatientent face aux détournements massifs de fonds publics. 

En 2024, année électorale, cette annulation sonne comme un symbole : celui d’un régime à bout de souffle, incapable d’assurer le minimum à sa population. Entre routes impraticables, hôpitaux délabrés et universités en grève, le bilan est accablant. 

Le mirage de l’émergence s’effrite

Alors que Paul Biya se présente une fois de plus comme le garant de la stabilité, la réalité est têtue : le Cameroun régresse. L’annulation du critérium cycliste de Douala n’est pas qu’un incident sportif, c’est le reflet d’un pays où l’incompétence et le laisser-aller ont pris le pas sur le développement. 

À quelques mois de la présidentielle, ce fiasco pourrait bien devenir un symbole… et un argument de campagne pour l’opposition. 

Emmanuel Ekouli

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